Les pieds sur terre
Ne pouvant dormir, je pense à ces rêves déchus que je laisse partir. Je titube dans cette époque infernale, à dévaler l’échelle sociale pour m'éloigner au possible des horreurs de la classe du dessus ; et ces jolies filles qui attendent le métro, à discuter d'une belle robe qu'elles ont chiné… puis d'un air dégoûté, regardent le répugnant qui défèque sa vie sur le quais d'en face. Des paradoxes comme celui-ci, j'en suis témoin tous les jours. Où allons-nous… à écouter des sacs chimiques batailler sur des sujets vides de toutes substances, à s'habituer à la violence des images chocs sur des plateformes qui ne visent que le buzz passager. Dans ce monde, à devoir répondre à l'impossible équilibre du trop plein de liberté et trop peu de liberté ; l'un déverse son lot d'injustice où les forts règnent sur les faibles, puis l'autre dicte nos moindres choix, nos émotions et nos pensées intimes. La guerre de la raison qui fait rage, s'écouter soi-même surtout, au prix de l'union et du pouvoir de l'ensemble.
Le bonheur ne se trouve pas en “nous” mais bien avec l’autre ; dans la patience, les compromis et les petites choses. Avec les petites gens et leurs névroses. La vie est longue, jamais vraiment intéressante et le sens manquera toujours. Mais j'envie ceux qui, tard la nuit, ne pouvant dormir regardent ce petit corps chaud qui se prélasse à côté d’eux ; et se rappellent alors, qu'à deux on peut bien se foutre du monde qui s'écroule sur lui-même.