Doliprane

J’observe mes souvenirs se dissoudre doucement par le temps comme le Doliprane dans son verre d’eau.

Des ombres ondulent dans l’appart illuminé par cette lumière chaude qui provient du lampadaire. Le vinyle qui tourne, un parquet qui vibre, les murs qui bougent, des verres qui tombent. Comme des marionnettes à qui on aurait coupé les fils, ils dansent tous, leur nez rouge vif qui pique dans la poudre blanche gesticulant sur l’onde sonique que j’observe, affalé sur le fauteuil, l’acide qui court-circuite mon système nerveux ; les enceintes vomissent un Kanye West à l’apogée de sa carrière.

Ma jolie blonde qui me tend sa main pour aller danser, que j’aime sa douce odeur de THC le long de sa nuque, lorsqu’elle vient tout juste de fumer son joint. Il en faut des soucis et du bruit pour mettre sa vie en volume, approcher le silence et faire taire le vacarme qui est dans ma tête.